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C’est dans les locaux de la représentation permanente de l’Union Européenne à Paris, que le 30 mai 2017, l’agence Erasmus+ France / Education Formation présentait à la presse le nouveau programme et dressait un bilan du programme Erasmus.

Après 30 ans d’existence cette année, ce programme a permis à 5 millions de bénéficiaires de se lancer à la découverte de l’Europe, durant leurs études.

Un vrai désir d’Europe

Les résultats de l’enquête de notoriété menée par BVA (mai 2017), présentés par Anne-Laure Galley, ne laissaient planer aucun doute : Erasmus est devenu le programme le mieux associé dans l’opinion publique aux progrès concrets apportés par l’Union Européenne.

L’enquête montre en outre que les 15-29 ans souhaitent plus d’Europe dans leur quotidien, et que la notoriété d’Erasmus est importante puisqu’il est connu, au moins de nom, par 88% des Français âgés de 15 à 65 ans. Cependant, le programme Erasmus+ (depuis 2014) est encore assez mal connu des Français, puisque 54% pensent qu’il ne concerne que les étudiants. Pourtant, son évolution récente est fortement approuvée sachant qu’Erasmus+ a été élargi aux apprentis, aux salariés dans le cadre de la formation professionnelle, aux enseignants et formateurs, aux scolaires et lycéens, aux demandeurs d’emploi, aux collectivités territoriales, aux étudiants hors Union européenne.

Laure Coudret-Laut, directrice agence Erasmus+ France / Education Formation s’exprimait aussi pour célébrer les trente ans d'Erasmus, à un moment qui se situe à mi-parcours du programme Erasmus+.

Il s’agit aujourd’hui d’anticiper les évolutions souhaitées pour l'après 2020, alors que le programme Erasmus+ couvrant la période 2014-2020 est actuellement négocié à mi-parcours en vue de la préparation du prochain, qui devra nécessairement apporter des réponses après le vote britannique sur le Brexit.

Sachant que l’Europe représente pour les jeunes une volonté de mobilité, de partage de valeurs et d’enrichissement par la mobilité, il est à remarquer que la France se situe au 2ème rang européen des utilisateurs des programmes de mobilité Erasmus+.

Avec un budget en forte hausse, les volets Education et Formation s’élèvent à 163,7 millions d’euros (+18% par rapport en 2016 et +30%  pour le seul enseignement scolaire alors que la formation d’adultes a vu son budget augmenter de 20%), une augmentation qui répond à l’accroissement des candidatures (+7%) essentiellement dans les secteurs de la formation professionnelle et de l’enseignement supérieur.

Les stratégies pédagogiques des établissements français s’internationalisent ; cependant malgré la hausse importante des budgets européens jusqu’en 2020, la demande financière est toujours très supérieure à l’enveloppe disponible, couvrant seulement un peu plus de la moitié de la demande (56%).

Sébastien Thierry directeur adjoint de l'agence présentait les partenariats en Europe, un dispositif qui implique tout type de structures (organismes de formation, collectivités, entreprises, associations etc.). Les projets visent à soutenir le transfert et/ou l’utilisation de pratiques innovantes ainsi que la mise en œuvre d’initiatives communes promouvant la coopération, l’apprentissage par les pairs et les échanges d’expériences au niveau européen.

Si pratiquement toutes les régions sont concernées par le dépôt de candidatures de partenariats, l’Ile-de-France, la Nouvelle Aquitaine et Auvergne-Rhône-Alpes se trouvent sur le podium du nombre de projets déposés. Ces actions représentent environ 24% de l’enveloppe globale, soit 39 millions d’euros

Quelles évolutions sur le prochain programme 2021-2027?

Erasmus + s’ouvre à tous pour développer la mobilité des collégiens et lycéens, faciliter la mobilité des élèves, des apprentis et des étudiants de la formation professionnelle avec des formalités administratives simplifiées et une optimisation des moyens pour répondre à lademande.

Erasmus est un ambassadeur des valeurs européennes : à ce titre, Erasmus Mundus devra permettre de renforcer l’attractivité de l’Europe et de son enseignement supérieur.

Les partenariats stratégiques européens et non européens seront mieux financés autour de projets de coopération et d’innovation.

Le prochain programme doit être plus ouvert à l'international et élargi au secteur de la formation professionnelle avec des périodes plus pas longues de mobilité.

Il faut sans doute aller plus loin, car Erasmus+ a des effets considérables, en tant qu’instrument de politique publique. On constate la présence d’un fort taux de boursiers (jusqu’à 39%), alors que les bénéficiaires constatent à 86% une amélioration de leur employabilité. Les effets du programme sont évidents sur les structures de formation dans le même temps que se développe Erasmus Mundus dans l’enseignement supérieur, alors que la France est le premier pays d’accueil dans le cade des masters conjoints Erasmus Mundus.

Une démarche d’évaluation partagée est désormais mise en œuvre avec l’Observatoire Erasmus+ qui , dans une démarche collaborative, étudie l'impact Erasmus + depuis 2016 avec grand nombre de partenaires des chercheurs du CEREQ, de l'IFÉ, des Rectorats, des universités, des Pôles Emploi, CCI France, l’Observatoire de la Vie Etudiante.

Un Erasbus pour sillonner la France et des #ERASMUSDAYS

 

Les étapes de lErasbus

Avec l'Association des étudiants Erasmus-ESN (Erasmus Student Network) un ERASBUS sillonnera la France pour fêter les 30 ans. Au programme, des interventions en milieu scolaire, des animations en milieu étudiant, des Nuits des étudiants du monde. Les #ERASMUSDAYS, les 13 et 14 octobre donneront à chacun l’occasion de parler de son action financée dans tous les secteurs, qu’il s’agisse aussi bien d’Éducation formelle que non formelle. La volonté est d’instaurer les #ERASMUSDAYS comme une tradition semblable à la fête de la musique avec déjà un petit pôle de pays européens intéressés.

Ils ont fait Erasmus : une Europe qui marche

ils ont fait Erasmus livreLe secrétaire d'État italien chargé des affaires européennes Sandro Gozi était venu présenter ce livre de 30 témoignages richement illustré (250 p.).

Ils ont fait Erasmus aux Éditions de la Martinière est un récit de belles histoires personnelles et collectives dont il a écrit la préface, ayant lui-même participé au programme à Paris lorsqu’il était étudiant en 1990.

Il s’est dit convaincu de la nécessité de renforcer l'idée d'une Europe qui fonctionne est en s’appuyant notamment sur l’exemple du programme Erasmus qui est l’histoire d’un succès. Il est peut être même la seule action qui ne soit contestée par personne.

De la nécessité de renforcer encore le programme.

Le programme Erasmus représente 1,3% du budget de la commission, ce qui est déjà considérable, mais il faudrait selon Sandro Gozi le multiplier par 10 pour avoir 30 millions de jeunes participants et donner une dimension plus populaire à un programme souvent accusé d'être élitiste : il faut encore le démocratiser. A la commission européenne, tout le monde dit du bien du programme Erasmus : il y a donc lieu d’espérer que tous les gouvernements voudront le renforcer de manière considérable.

Pour Sandro Gozi, il est tout à fait indispensable d'inclure dans une formation universitaire complète une période de formation dans un pays étranger en mobilité. Il conviendrait aussi que les professeurs considèrent Erasmus comme une véritable période de formation et non comme des vacances. De même, l’enseignement supérieur devrait concevoir des masters spécifiques pour attirer des étudiants d'autres régions du monde de façon à avoir des interlocuteurs acquis à nos valeurs. Sandro Gozi s’est dit convaincu que nous devons refonder l’Europe, comme l’a dit le président Macron, et il espère aller plus loin avec Marielle de Sarnez, secrétaire d'état aux affaires européennes.

Michel Perez

Dernière modification le jeudi, 07 décembre 2017
Pérez Michel

Président national de l'An@é de 2017 à 2022. Inspecteur général honoraire de l’éducation nationale (spécialiste en langues vivantes). Ancien conseiller Tice du recteur de Bordeaux, auteur de nombreux articles et rapports sur les usages pédagogiques du numérique et sur la place des outils numériques dans la politique éducative.