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Educavox est un site associatif dédié au numérique éducatif traitant à la fois les actualités, mettant en valeur les initiatives de tous les acteurs du monde éducatif, les ressources, les pratiques innovantes et ceci, dans une démarche prospective. Je réponds là à de nombreuses questions qu'on nous pose au début de cette année 2023 qui voit s'amorcer des changements dans le monde éducatif, une certaine maturité dans l'approche, les ressources, et les manières opérationnelles et critiques de les aborder. Les défis sont nombreux !

Cet édito, je l’ai puisé dans les articles d’Educavox, dans ses formes éditorialisées, afin de préciser ce qui est le fil conducteur de nos réflexions, de nos analyses, de nos reportages et comptes-rendus, afin de comprendre ce qui crée le ciment de notre investissement à l’An@é, ce qui crée le moteur de nos propositions et ce qui inspire nos choix des différents événements que nous suivons, ou que nous créons.

Les défis à l’échelle mondiale sont bien entendu,  les enjeux démocratiques, les enjeux de sécurité et d’éducation, les enjeux environnementaux, l’innovation, les sciences, sachant que l’'information et la désinformation, les réseaux sociaux, la réalité virtuelle, robots et objets connectés, l'Intelligence artificielle changent la donne aujourd'hui, que les inégalités sont de plus en plus fortes, que les choix politiques et la manière d’appréhender le vivant peuvent avoir des conséquences bien au-delà de nos petits territoires.

Informations, sciences et technologies révèlent nos failles profondes, et l’humain est dans la tourmente.

Comment, dans un monde conflictuel et en équilibres précaires, où la question des ressources non renouvelables se pose dans nos sociétés engagées dans une course technologique, où les services publics se dématérialisent et proposent des services « distants » des « dispositifs » et des « solutions », alors que nos données se vendent à prix d’or, comment l’éducation peut-elle retrouver un rôle émancipateur, recréer du sens et des liens, et se réinventer ?

L’heure du numérique interroge fortement les notions d’information, de démocratie, de pouvoir.

À l’avènement du numérique dans nos sociétés, nous n’avons pas anticipé : le fait de ne pas anticiper a laissé les entreprises se développer sans perspective sur les impacts qu’ils soient économiques, culturels, sociétaux et cela à l’échelle planétaire et a échoué à garantir les libertés fondamentales du vivant, et également les protections des individus en ligne.

Cela a créé un malaise profond et l’idée qu’au fond nous n’avions plus de maitrise.

Cependant, vivrions-nous sans le numérique aujourd’hui ?

Les enjeux environnementaux sont à l’échelle du monde. Les pollutions numériques, exploitation des minerais, fabrication et mobilité des équipements, la pollution des esprits, infobésité et fausses informations, cyber sécurité, prévalence de l’économie, lancent des défis à nos sociétés. Ce sont les mêmes questions qui impactent l’éducation avec leurs corollaires, enjeux d’égalité, de citoyenneté, accès à la connaissance et la formation, fonctionnement démocratique.

Après avoir été investie de beaucoup d’espérances, la révolution numérique suscite aujourd’hui méfiances et paniques.

    • L’Education aux médias et à l'information et l’Education au numérique sont de plus en plus indissociables

L'Unesco propose un nouveau contrat social pour l'éducation

"Imaginons l’éducation en 2050 : que devons-nous continuer à faire ? Que devons-nous abandonner ? Que devons-nous repenser avec créativité ? L’UNESCO répond à ces trois questions essentielles dans son nouveau rapport mondial sur les futurs de l’éducation. Le contrat social n’est pas une simple transaction, il est le miroir de normes, d’engagements et de principes qui font l’objet de législations formelles et qui sont aussi ancrés dans une culture.

    • Repenser nos futurs, ensemble : un nouveau contrat social pour l’éducation.

Le nouveau contrat social pour l’éducation doit nous unir autour d’initiatives collectives et fournir les connaissances et les innovations nécessaires pour façonner des futurs durables et pacifiques pour tous, ancrés dans la justice sociale, économique et environnementale. Il doit aussi, comme le fait ce rapport, défendre le rôle joué par les enseignants.

    • Etablir des liens à l’échelle mondiale n’est-ce pas là une nécessité ?

Doit-on se contenter de partenariats façon puzzle pour une politique d’éducation commune ?

L’objectif commun est de susciter et de structurer des partenariats en contextes, de relever les apports et les attentes des partenaires, les modalités de collaboration et de pilotage, et aussi de profiter de ces expériences et de leurs enseignements.

    • Territoires de proximité et nouveaux rapports mondiaux, collaborations, intelligence collective, moyens mutualisés, projets motivants, efficacité, continuité et cohérence, autant de raisons et autant de questions à explorer encore, pour des objectifs à établir dans une approche prospective !

L’économie toujours au cœur des systèmes

Low tech, industrie circulaire, éco conception, responsabilité sociale des entreprises : Le techno-discernement des entreprises devient incontournable pour contribuer à l’avenir bas carbone et éco-responsable des filières économiques. Le coup est parti mais les entreprises s’emparent-elles vraiment de ce changement de modèle ?

    • Sans être technophobe, on peut être prudent avec la course en avant high-tech. Les solutions ne sont pas que techniques, elles sont sociotechniques, sociales, sociétales, culturelles, organisationnelles.
    • La sobriété est certainement un objectif mais qui ne peut être réduit à une information, et dont les moyens ne peuvent être ni l’incantation, ni l’approche exclusive par les risques.

Au moment où la démocratie est malmenée, où la pensée critique est indispensable, l’école joue un rôle fondamental.

Il s’agit de créer, en mutualisant nos expertises, des parcours cohérents, d’accompagner à devenir des citoyens éclairés. 

    • Continuité école/collège/lycée, rôle de chacun, rôle de formation et d’accompagnement, inclusion numérique, accroissement des compétences de littératie, enseignement hybride (qui pose les questions de gestion, de coopération, de scénarisation, la question des outils…des devoirs) autant de sujets évoqués qui permettront également des collaborations avec les partenaires, des regards experts, notamment avec des chercheurs, des formations, des parcours modulables avec d’autres partenaires…

La crise a montré que des formes scolaires traditionnelles sont bousculées, y compris dans leurs règles de fonctionnement, mettant ainsi élèves et enseignants dans des situations délicates.

    • N’est-ce pas là l’émergence de nouvelles opportunités pour repenser les relations élèves enseignants, pour faciliter les apprentissages ?

Le numérique n’est pas qu’un outil ; il entraine des modifications car il a un réel impact sur le système.

D’où l’émergence d’opportunités à réfléchir pour répondre aux enjeux nouveaux de la société transformée par le numérique. Les dichotomies temps scolaire- hors temps scolaire, présentiel- distanciel, virtuel-réel sont des différences qui n’ont plus beaucoup de sens ni de raison d’être.

    • Il convient de créer un scénario structuré pour l’organisation du savoir englobant les différents lieux et supports qui engage tout le monde dans un même processus.

De quel fonctionnement républicain et démocratique les enfants et les jeunes font-ils l'expérience à l'école ou dans la société ?

Quelles actions peut-on développer ? La mise en œuvre est encore difficile dans les classes (programmes, place de l'actualité, normes culturelles, porosité des pratiques école/maison...Etc.)

Le " tout numérique " est-il un enjeu pour l’enseignement ?

Sommes-nous des naïfs confrontés aux discours assertifs des équipementiers, des éditeurs de logiciels confortés par des rapports officiels souvent œuvres de groupes de pression et d’influence (lobbyiste), qui promeuvent une économie de développement industriel et financier ? Cette question se pose aux utilisateurs qu’ils soient enfants, adolescents ou adultes.

    • Les intelligences artificielles comme produits d’une industrialisation, les investissements dans des techniques privilégiant la dématérialisation, la représentation numérisée des interlocuteurs aux dépens des relations présentielles, le financement de la construction mondialisée des systèmes pour collecter et diffuser les données de l’information, sont des questions qui méritent débats et réflexions éthiques.

Les données sont au centre de toutes les attentions et du développement des recherches avec l’intelligence artificielle

    • Notre société est une société de droit et le numérique doit répondre à ses règles.

Une société nouvelle se crée.  

Comment aborder l’innovation ? Comment trouver des solutions en listant les problématiques nouvelles, inédites pour y répondre, plutôt que de s’interroger sur la manière de tenter de conserver les habitudes antérieures, laborieusement ? Comment l’esprit critique vient-il en nous ? Comment rester en veille dans la surabondance d’infos et de solutions ?  Comment éviter mirages et utopies ?  Et quelle place est-elle donnée au citoyen et aux principes de la République Française :  Liberté, Egalité, Fraternité ?

Par exemple, la frugalité, la maintenance, le recyclage sont autant de façons d’innover, c’est-à-dire d’aborder un sujet avec un œil neuf.

Par exemple, les notions d’audace, de surprise, d’inattendu : elles expriment un désir de ne pas se contenter de l’existant, de ne pas se satisfaire de l’état actuel du monde, de dépasser ce qui nous empêche d’évo­luer, nous ennuie, nous entrave, nous menace et nous détruit.

Avons-nous de l’audace ? Savons-nous déjouer les pièges de la communication, des solutions toutes faites ou pré-pensées ? Savons-nous ancrer les inédits dans un monde dont la lecture est de plus en plus complexe ? Savons-nous trouver la bonne approche démocratique pour transformer réellement l’éducation ? Prenons-nous en compte les changements et les aspirations sociales et culturelles avec le temps éducatif ?

    • D’où la nécessité, d’une co-éducation, intergénérationnelle avec notamment une réflexion sur la protection des élèves, des enfants, et l’émergence de la e-parentalité avec les questions que se posent les parents.

Quelles formations ?

Pour les élèves, l’orientation doit reposer sur trois grands piliers. Qu’un seul d’entre eux vienne à manquer, et c’est l’efficacité de l’ensemble du dispositif d’aide à l’orientation qui fait défaut : la connaissance des divers itinéraires de formation, la connaissance de soi et la connaissance des métiers.

Que seront les métiers du futur ? Quelles seront les grandes caractéristiques du monde du travail de demain ? Il n’est pas facile d’y parvenir. Lorsqu’un élève ou étudiant fait un stage d’observation en milieu professionnel, il est essentiellement renvoyé à des réalités d’aujourd’hui. Diverses études prospectives permettent de ne pas se contenter d’une approche des réalités d’aujourd’hui."

    • Il est donc nécessaire de se livrer dans ce domaine à une analyse prospective

Pour la formation des adultes, les questions et les réponses sont également multiples : enjeux, compétences visées, formations hybrides, niveaux de formation (publics) outils numériques, auto-formation, tutorat, accompagnements, immersive learning…

Les Boussoles IV que nous proposerons le 27 septembre 2023 porteront ces problématiques.

Que disent nos imaginaires numériques de la place de l’École dans la société ? 

Sommes-nous arrivés à l’âge de la maturité ? Le rythme effréné de l’innovation se tasse-t-il ?  Un cadre juridique se met en place, des questions politiques et philosophiques sont posées par la société civile et ses représentants (souveraineté numérique, citoyenneté numérique, etc.).

En coulisse et les acteurs de la tech s’activent dans de multiples directions, avec l’ambition inchangée de changer le monde et la société.

Quelles tensions traduisent-elles, entre marchandisation et sécularisation de l’École et du service public ? Entre sobriété et high tech ? Entre un numérique à dimension « locale » et un numérique mondialisé ?

Il faut donc rester curieux. Et attentif.

Toujours. Avec les innovations, avec les Ed Tech, les nouveaux modes de formation, dans les domaines professionnels, dans le domaine de la création low tech bien évidemment…et avec l’intelligence artificielle, la réalité virtuelle, la réalité augmentée, le métavers et le Chat GPT !

    • Observer, évaluer les impacts, tous les paramètres et ne pas attendre les conséquences négatives pour réagir et les utiliser lorsque ces dispositifs ajoutent une plus-value
    • Oser et anticiper !

Car l’école sera le reflet de ce que sera devenu l'humain...

Version pessimiste ! Si nous favorisons l’individualisme ? L’école peut s’effacer : l'école est éclatée, les plateformes évaluent, classent, orientent des humains améliorés par les nanotechnologies et le génie génétique, les inégalités sont criantes, le collectif a cédé devant l'individualisme, des tribus sont constituées, les robots travaillent et l'humanité disparait dans un grand désordre écologique ...

Version optimiste ! La technologie soutiendra les objectifs que nous fixerons !

Et si nos temps sociaux, nos territoires de vie et nos mobilités, en s’interconnectant, créaient une nouvelle manière de vivre et de se réinventer ?

Le Forum Educavox les 10 et 11 juin propose de lancer cette réflexion en Nouvelle-Aquitaine....

Tous les éditos :  https://educavox.fr/edito

Michelle Laurissergues

Dernière modification le mardi, 07 mars 2023
Laurissergues Michelle

Présidente et fondatrice de l’An@é, co-fondatrice d'Educavox et responsable éditoriale.