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L’une des clés de la réussite de l’implantation de tableaux interactifs dans les salles de classe à tout niveau est certainement la formation des enseignants. Les enseignants doivent être formés pour savoir comme fonctionne l’outil bien sûr, mais surtout pour comprendre quel peut être son rôle dans la classe. Cependant, selon mon expérience, la venue d’un TBI dans une classe ne fait que mettre en lumière un fait encore plus alarmant : nos enseignants manquent de formation à l’utilisation de l’ordinateur en général.

Je rappelle ici qu’un TBI n’est techniquement qu’un écran d’ordinateur géant sur lequel on agit avec le doigt ou un stylet-souris. Il est livré avec un logiciel en prime. Voilà tout.

Il n’est donc pas normal qu’un outil de ce genre dorme dans un coin « parce que l’enseignant n’a pas eu sa formation ». Si l’enseignant n’ose pas y toucher, c’est qu’il a peur de l’ordinateur en général ou qu’on lui a mal présenté ce qu’est-ce un TBI.

Après une formation, de telles questions ne devraient plus surgir dans la tête des utilisateurs :

« Est-ce que ce logiciel est compatible avec le tableau ? »

« Comme je fais pour mettre un fichier Word sur mon tableau ? »

« Pourquoi est-ce que mon tableau se décalibre tout le temps ? »

etc.

Une fois qu’on surmonte la barrière de l’ordinateur de façon satisfaisante, voici les trois volets que je préconise pour maximiser la relation entre une classe et son TBI !

1- Apprendre à faire fonctionner le TBI

Trop de formateurs s’arrêtent encore à montrer uniquement « comment faire » avec le TBI. Bien entendu, c’est la première étape ! Branchez ces fils ici, calibrez le tableau en cliquant là, appuyez pour faire un clic gauche et faites le clic droit ainsi. Voilà, vous savez maintenant comme fonctionne un TBI.

2- Explorer le logiciel livré avec le TBI

Le deuxième volet d’une formation efficace est l’exploration du logiciel qui vient avec le tableau (aussi appelé tébéiciel). C’est ce logiciel qui permet de prendre des notes et d’enregistrer le travail. Comme tel, il n’est pas bien différent dans son essence qu’un PowerPoint mêlé à un logiciel de dessin, sauf pour l’importance accordée aux objets manipulables. Selon les fabricants, on y ajoute des fonctionnalités uniques, des gadgets permettant de créer des activités automatiquement, des objets utiles en éducation comme une règle, des images en 3D, etc. On peut prendre quelque temps pour explorer ses options qui seront les plus utiles au quotidien.

3- Intégrer le TBI à la vie de la classe

Le dernier volet est celui qui est plus souvent passé outre. Comment intégrer l’outil TBI dans une stratégie plus large d’utilisation des technologies en classe ? Comment éviter le piège de la sur-préparation (pour certain, bien utiliser le TBI signifie préparer tous ses contenus dans le logiciel d’avance, donc représente une surcharge de travail énorme) ? Comment surmonter la peur de laisser le TBI entre les mains des élèves ou d’avoir l’air incompétent ? Comment ensuite sélectionner les ressources éducatives qui seront mises en valeur sur le TBI ? Voilà qui est bien plus important que de savoir comment changer la largeur du contour d’un triangle dessiné sur le TBI à mon très humble avis !

4- L’enrichissement…

Je crois qu’on peut ajouter un quatrième volet en guise d’enrichissement. Quand l’enseignant comprend bien le rôle que peut jouer le TBI dans sa classe, il peut avoir envie d’investir du temps à préparer des parties de leçons à l’aide du tébéiciel. Alors, une bonne formation à la création de contenus et au partage des ressources dans un esprit de réseau permet de boucler la boucle. En présence d’une personne qui maîtrise le tébéiciel, les enseignants ont la possibilité de découvrir les options plus avancées et les techniques de création de contenu. Enfin, il ne faut pas oublier de les sensibiliser à l’importance de partager leurs créations, même si elles ne sont pas parfaites à leurs yeux…

Quelques anecdotes de formatrice TBI…

- Je me suis déjà présentée dans une école pour donner une formation devant 25 enseignants qui venaient de recevoir un portable tout neuf. J’ai passé 3 h à leur montrer sur quel bouton appuyer pour monter ou baisser le volume et à leur demander de cesser de changer leur fond d’écran au lieu de m’écouter. Après discussion avec la direction, nous avons convenu qu’il fallait d’abord et avant tout une séance de formation à l’ordinateur plutôt qu’au TBI.

- Alors que je présente dans un congrès des ressources qu’il est possible d’acheter pour le logiciel du TBI, une dame me dit gravement « Oui, mais moi je n’ai pas ça sur mon écran ! ». On ne peut pas s’attendre à ce qu’une utilisatrice soit confortable et à l’aise devant sa classe si elle ne comprend pas la notion d’ouvrir un fichier dans un logiciel.

- Un jour, une de mes formations se conclut en déception générale lorsque j’annonce qu’il est encore relativement difficile de trouver des fichiers de leçons montés par d’autres enseignants. Ils ont peut que ce ne soit pas « assez beau » pour être partagé. Quelques mois plus tard, je croise ces mêmes participantes déçues qui m’annoncent la création d’une communauté de partage exclusive pour leur école. Je leur demande pourquoi il ne l’ouvre pas au monde entier ? Et elles me répondent « Hé bien, nous mettons tellement de temps sur ces fichiers que nous ne voulons pas les donner comme ça ! ».

Au plaisir de vous lire sur votre vision de la formation TBI !

Miller Audrey

Sur Twitter : @millaudrey
Audrey est rédactrice en chef de L'École branchée. Elle s'implique dans l'organisation d'EdCamp Québec et du Rendez-vous des écoles francophones en réseau (REFER), ainsi qu'au sein du conseil d'administration de l'AQUOPS. En dehors de cela, elle est consultante en communication et formatrice en technologie éducative.