Les cycles de trois ans commenceront chacun avec un an seulement de décalage dans le démarrage : « La mise en place de ces cycles se fera progressivement, à partir de la rentrée 2014 pour les classes de maternelle, à partir de la rentrée 2015 pour les classes de CP, CM1 et 5e, à partir de la rentrée 2016 pour les classes de CE1, CM2 et 4e, et à partir de la rentrée 2017 pour les classes de CE2, 6e et 3e. »
Quels en seront les effets sur les procédures d’orientation ?
Un peu d’histoire
Dans le secondaire, il me semble que la première apparition de la notion de cycle se trouve dans le projet Langevin-Wallon qui préconisait deux cycles après l’école primaire, un cycle d’observation et un cycle d’orientation. Ce projet n’a pas été réalisé, mais cette idée est à nouveau apparu avec la réforme Berthoin de 1959 qui reprenait les deux cycles. Mais on application était bien curieuse, car ces cycles étaient bien formés de deux années, mais chacune se terminait par une procédure d’orientation permettant le redoublement ou la « sortie » vers une autre formation.
Il faut donc attendre la réforme Haby de 1975 pour que la notion de cycle ait son effet sur les procédures : suppression de la procédure d’orientation en fin de sixième en fin de quatrième, enfin sur le papier, car les statistiques montrent que les taux de redoublement à ces deux niveaux se maintiennent.
Pour casser le palier cinquième, la réforme Bayrou de 1994 découpe le collège en trois cycles : la sixième, puis le cycle central (cinquième-quatrième) et le cycle d’orientation de la troisième. L’orientation professionnelle se trouve enfin placée en troisième, telle qu’elle était prévue dès la réforme de Berthoin de 59 !
La réforme Peillon
Cette fois-ci, l’objectif semble être le renforcement de la liaison école-collège. La sixième du collège sera la dernière année de cycle de trois ans démarré à l’école en CM1. Jusqu’à présent il y avait rupture pédagogique entre l’école et le collège surtout du fait de la multiplication des enseignants et de la spécialisation disciplinaire (voir un extrait d’un rapport du Sénat : « UNE SPÉCIALISATION DISCIPLINAIRE EXCESSIVE » ).
Bien sûr, la loi d’orientation et de programmation sur l’école prévoit la mise en place d’un conseil pédagogique entre le CM2 et la sixième, mais sera-t-il suffisant pour réellement coordonner les équipes de ces deux mondes ? Pour avoir participé à quelques réunions de commissions de ZEP je me le demande.
En tout cas, dans la logique des procédures et des cycles, la procédures d’orientation fin de sixième devrait être maintenue telle qu’elle fonctionne aujourd’hui. Certains font l’hypothèse que des enseignants du primaire pourraient y participer au conseil de classe (Liaison école-collège : « Tout faire pour éviter la rupture !« , interview de Yves Durand, député PS du Nord).
Mais toujours dans cette logique, le palier quatrième devrait être supprimé. Nous en verrons ce qui en est dans le décret préparant la rentrée 2016 ! Donc un peu de patience. Si tel était le cas, il ne resterait que deux paliers au collège, la fin de sixième et la fin de troisième. Aujourd’hui encore, le palier de quatrième joue un rôle important dans la « pré-orientation » facilitant l’orientation en fin de troisième. Même si les conseils de classe ne peuvent imposer en fin de quatrième une entrée en classe de troisième « DP6 » ou le choix d’une option « DP 3 heures », ils facilitent ces choix de classes. L’alimentation de ces classes sera sans doute plus difficile, et l’hétérogénéité de la classe de troisième « générale » sera sans doute plus importante. Voir la différence des statistiques fin de troisième, toutes troisième et « non compris le module DP 6 heures ».
On peut se demander également si dans la logique du cycle on peut maintenir ce type de différenciation des classes de troisièmes, la différenciation des parcours individuels la différenciation des classes n’étant pas la même chose.
Bernard Desclaux