Comment transmettre l’esprit de tolérance aux élèves ? Sur quelles approches, sur quels postulats éducatifs faut-il fonder la liberté d’expression ? Ces questions, à la fois morales et pédagogiques, citoyennes et scolaires, sont désormais au cœur de notre débat public. 

Le peuple français s’est levé spontanément pour défendre la liberté d’expression et la démocratie après ces lâches attentats. Mais après ?.. Encore faut-il que de ces mots émergent du sens et des actions concrètes. Certes cet élan « je suis Charlie, je suis Juif, je suis Policier » pourrait se prolonger à court terme sur le plan économique pour faire face à la crise actuelle. Sans aucun doute, il est un autre aspect plus essentiel à prendre en compte : c’est celui de l’école.

Une claque, une énorme claque, un choc après avoir appris ce qui s’est passé à Charlie Hebdo. Je ne vais pas faire de longues diatribes. J’avais juste ce petit texte sous le coude. Je crois qu’il attendait son heure. La voici...

La mode a été depuis longtemps en Occident celle du pessimisme de l'intelligence. Voltaire et son Candide, suite au terrible tremblement de terre de Lisbonne en 1755, ont eu le dessus sur la théorie du meilleur des mondes possibles de Leibniz. Les catastrophes humaines du XXe siècle ont inévitablement aggravé la tendance. Il est très difficile de se voiler la face pour sourire de bonheur, alors que tous les jours nous sommes confrontés à des horreurs humaines et à des catastrophes naturelles intolérables.

J’ai essayé plusieurs fois d’écrire un billet avec du sens, avec si possible des morceaux de choses intéressantes dedans, avec de l’émotion aussi. Mais non. Je n’y arrive pas. Les mots partent en vrille, les phrases se cognent, la pensée s’évapore au contact de l’actualité.

Aux yeux de la plupart des élèves, le Monde se divise en deux catégorie : les gentils ("ceux qui creusent") et les méchants ("ceux qui ont un pistolet chargé").

L'horreur absolue, parce que oui, c'est vrai, on la pensait inconcevable, on n'arrivait pas à l'imaginer, dans ce pays qui nous a élevé, baigné de liberté d'expression, de liberté d'opinion, de liberté d'être – ce pays qui apparaît soudainement magnifique, à l'ombre de la barbarie qui s'est abattu sur lui, oui, sur lui tout entier, car attaquer un haut lieu de la presse, de la culture, de l'art, du rire – dont l'on a démontré depuis longtemps les effets extrêmement bénéfiques sur la santé –, c'est s'attaquer à la France toute entière.