fil-educavox-color1

Avoir 14, 15, 16 ans c'est affronter une double crise : celle "classique" de cet âge se double de celle de notre monde, chaotique. Entre le "déjà plus" de l'enfance et le "pas encore"de l'adulte, ils sont en quête d'eux-mêmes. Leur corps se transforme, ils ne se reconnaissent plus. L'enfance s'absente et l'avenir angoisse.

Ambivalents. Ils ont envie d'être compris, mais, si on les comprend trop, ils le vivent comme une intrusion.

Ils veulent se passer de l'amour familial, mais si on ne les regarde plus, ils s'effondrent ! Ils déclarent qu'ils n'ont pas besoin de leurs parents alors qu'il faudrait être disponible 24heures sur 24. Les copains deviennent leur univers mais l'indépendance fait peur.

Pas facile en effet de se défaire de l'amour parental, dont ils ont encore besoin.Se rendre détestable est une manière de desserrer l'étau. Il nous échappent et doutent de tout. Comment pourrait-il en être autrement notamment face à des mères et des pères eux-mêmes fragilisés ! Alors, il vaut mieux jouer et si cela agace les adultes, c'est plus cool ! Ces jeux sont une sorte de manière de se protéger d'un réel hostile dans lequel ils peinent à trouver leur place. En perte d'idéal, ils peuvent, au moins devant leur écran se sentir acteurs. Face aux risques auxquels ils sont confrontés, certains jouent sur la vie elle-même, se lançant dans des conduites ordaliques, voire des tentatives de suicide.

Daniel Winnicott, le célèbre pédiatre écrivait :

"Vous avez semé un enfant, à l'adolescence, vous récoltez une bombe et ce qu'on vous demande, c'est de survivre."

Survivre en osant transmettre les valeurs qui nous sont chères, en les mettant en cohérence avec nos opinions et nos actes.

Nous les rassurerons  non pas par nos discours mais bien en mobilisant en nous les forces qui nous permettent d'avancer malgré les tumultes de notre époque. Rappelons que crise signifie changement et que de leur désarroi peuvent émerger de nouvelles perspectives. Croire en eux, s'obstiner à voir leurs ressources, leur malice, leur intelligence. Enfin tisser des liens autour d'eux, les remercier pour tout ce qu'ils transforment en nous, car la crise de nos ados fait souvent émerger une crise en miroir.

Les aimer et partager avec eux la sagesse de Lao Tseu :

"Dureté et rigidité sont compagnons de la mort. Fragilité et souplesse sont les compagnons de la vie."

Ecouter le podcast 

Dernière modification le lundi, 02 juin 2025
Figeac Patrick

Proviseur honoraire, bénévole à https://radiobastides.fr/ en Lot-et-Garonne, président d’une association intermédiaire par l’activité économique, auteur. Pour retrouver les chroniques et autres actualités : https://radiobastides.fr/