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Si cette réforme venait à voir le jour, ce serait un grand chambardement dans le fonctionnement du diplôme national du brevet. Jusqu'à présent, en effet, cet examen n'avait jamais eu ce rôle de sésame pour entrer au lycée. Vouloir le rendre obligatoire témoigne d'une interprétation discutable de son rôle. Ce n'est pas un véritable examen, au sens traditionnel du terme, mais une sorte d'attestation de fin d'études qui certifie  la maîtrise du socle commun. Il n'est donc pas anormal qu'une large majorité d'élèves, autour de 90%, l'obtiennent.

Réformer le brevet expose à des difficultés de gestion de flux d'élèves redoutables.

Si on veut le rendre obligatoire pour la poursuite d'études et si, en même temps, on  diminue les taux de réussite, en supprimant "les correctifs académiques" qui permettent d'harmoniser les notes, on va se retrouver avec un nombre important d'élèves en échec.

Certains redoubleront leur troisième ou seront orientés en CAP comme aujourd'hui. Mais le gouvernement prévoit d'en envoyer un maximum dans des "Classes prépa-seconde" qui permettent de préparer l'entrée au lycée. Dans ce cas,il faudra en ouvrir un nombre considérable ce qui modifiera l'équilibre des formations au niveau de la troisième et de la seconde.Outre ces difficultés de flux, cette réforme défavorisera les orientations vers les CAP, qui souffrent déjà  d'une mauvaise image.

Lorsqu'on veut faire barrage aux élève au niveau de la fin du collège, nous revenons à une logique qui a disparu dans les années 1980.

Jusque là, bon nombre de jeunes étaient orientés à la fin de la cinquième ou de la troisième vers des formations professionnelles. Mais, le marché de l'emploi ayant évolué et la société française s'étant beaucoup transformée, la quasi totalité d'une génération a continué ses études jusqu'en troisième, puis est allée vers des formations de niveau lycée et, peu à peu, nous avons vu disparaitre les sorties au collège.

Aujourd'hui, plus aucun chef d'entreprise n'a envie d'embaucher des jeunes en fin de cinquième et même celles et ceux qui ratent leur brevet. Ils cherchent surtout à recruter des jeunes qui maîtrisent  suffisamment des apprentissages de base, ce qui est censé garantir le socle commun de formation.

En rendant le brevet des collèges obligatoire, le gouvernement renonce à donner à toute une génération la maîtrise de ce socle commun pour chercher au fond, à revenir à la logique ancienne. La faiblesse de ce raisonnement, c'est que les milieux professionnels ne suivront pas et que beaucoup de jeunes se retrouveront en errance, en décrochage, et qu'il sera ensuite difficile de les remobiliser.

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Dernière modification le mardi, 03 décembre 2024
Figeac Patrick

Proviseur honoraire, bénévole à https://radiobastides.fr/ en Lot-et-Garonne, président d’une association intermédiaire par l’activité économique, auteur. Pour retrouver les chroniques et autres actualités : https://radiobastides.fr/