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La Convention Citoyenne sur le Temps de l'enfant vient de rendre son rapport. Retenons tout d'abord un point positif  le retour à 5 jours de classe dans la semaine en maternelle et en primaire. Rappelons que la réforme conduite en 2013 par Vincent Peillon allait dans ce sens mais avait dû être abandonnée face au véto des syndicats enseignants et aux difficultés de mise en oeuvre par les collectivités.

Le rapport met aussi l'accent sur un aspect trop peu pris en considération: sollicités de toutes parts, les enfants n'ont pas le temps de s'ennuyer. La Convention déplore qu'entre l'école, les devoirs, les activités, ils ne disposent que de très  peu d'espaces liés "à la rêverie, la créativité, la construction de soi".

Autre enjeu de taille: la réduction des inégalités scolaires mais il est malheureusement à craindre que l'organisation proposée, cours le matin et activités pratiques l'après-midi puis culturelles, artistiques et sportives après 15h30, confiées aux associations, aux collectivités ne soit confrontée très vite  à des difficultés financières variables selon les communes. Ainsi, certains élèves se verraient proposer une offre riche et d'autres quasiment rien. D'autre par, les enseignements sportifs et culturels risquent d'être sortis du cadre scolaire, reléguées à des activités périphériques. Tous les élèves doivent pouvoir y accéder dans le cadre d'un programme national.

Autre remarque: les cours de 45 minutes sont difficilement envisageables le temps par exemple d'installer la classe, c'est moins de 40 minutes effectives d'enseignement, insuffisants pour poser des apprentissages solides. Ce sont les élèves les plus fragiles qui en pâtiront ! Et pour les profs davantage de classes et moins de temps à consacrer à chaque élève. Si en plus les devoirs doivent être faits en classe, ce qui est une bonne chose, les disciplines vont se réduire comme peau de chagrin.

Par contre, rien sur les effectifs, nous savons que la France est un des pays d'Europe où le nombre d'élèves par classe est le plus important; Compte-tenu de l'hétérogénéité croissante des publics accueillis, il aurait été judicieux de prendre en considération cette notion essentielle si nous ne voulons laisser personne au bord du chemin.

Il est à craindre que nous allions encore vers une école au rabais. Il est en effet illusoire de penser que nous pourrons transmettre  une culture commune et des savoirs ambitieux avec une telle organisation. Réduire le temps d'enseignement offre "un avantage concurrentiel à l'école privée sans parler bien sûr des familles qui pourront  payer des cours particuliers en parallèle."

"Ce qui est proposé en fin de compte c'est une politique de classe pour renoncer à l'égalité"

Nous sommes nombreux à penser que notre pays a besoin de se doter d'un véritable projet pour son Ecole

Chacune, chacun d'entre nous est concerné(e) et devrait être consulté(e), sans oublier celles et ceux qui en ont été exclu(e)s. Quelles sont les finalités, les objectifs que nous souhaitons pour notre système éducatif? Voulons-nous une école de la performance, de la compétition, ou au contraire une école de la coopération, de l'entraide, de la fraternité ? Ce n'est pas la même dynamique, les mêmes méthodes d'enseignement;et  d'évaluation. C'est à la Nation de se prononcer, d'assumer ensuite  ses choix. Il y avait eu une consultation en 1982 mais qui n'allait pas aussi loin dans la démarche. Je crois que nous vivons un moment inédit dans notre Histoire, au moment où les institutions sont en déliquescence, innovons, discutons ensemble  de ce bien le plus précieux : l'éducation !!

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Dernière modification le lundi, 01 décembre 2025
Figeac Patrick

Proviseur honoraire, bénévole à https://radiobastides.fr/ en Lot-et-Garonne, président d’une association intermédiaire par l’activité économique, auteur. Pour retrouver les chroniques et autres actualités : https://radiobastides.fr/